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Harp. Euh!

...

Maître Jac. N'est-elle pas rouge?
Harp. Non, grise.

Maître Jac. Eh! oui, gris-rouge. C'est ce que je voulais dire.

Harp. Il n'y a point de doute. C'est elle 140 assurément. Ecrivez, monsieur, écrivez sa déposition. Ciel à qui désormais se fier? Il ne faut plus jurer de rien; et je crois, après cela, que je suis homme à me voler moimême.

Maître Jac. (A Harpagon) Monsieur, le voici qui revient. Ne lui allez pas dire, au moins, que c'est moi qui ai découvert cela.

Harp. (A Valère qui entre) Approche; viens confesser l'action la plus noire, l'attentat le plus 150 horrible qui jamais ait été commis.

Val. Que voulez-vous, monsieur? Harp. Comment! traître, tu ne rougis pas de ton crime!

Val. De quel crime voulez-vous donc parler? Harp. De quel crime je veux parler, infâme! comme si tu ne savais pas ce que je veux dire! C'est en vain que tu prétendrais de le déguiser l'affaire est découverte, et l'on vient de m'apprendre tout. Comment! abuser ainsi de ma bonté, et s'introduire exprès chez moi to pour me trahir, pour me jouer un tour de cette

nature!

Val. Monsieur, puisqu'on vous a découvert tout, je ne veux point chercher de détours, et vous nier la chose.

Maître Jac. (A part) Oh! oh! aurais-je deviné sans y penser?

Val. C'était mon dessein de vous en parler, et je voulais attendre pour cela des conjonc tures favorables; mais puisqu'il est ainsi, je :: vous conjure de ne vous point fâcher, et de vouloir entendre mes raisons.

Harp. Et quelles belles raisons peux-tu me donner, voleur infâme?

Val. Ah! monsieur! je n'ai pas mérité ces noms. Il est vrai que j'ai commis une offense envers vous; mais, après tout, ma faute est pardonnable.

Harp. Comment, pardonnable! un guetapens, un assassinat de la sorte!

Val. De grâce, ne vous mettez point en colère. Quand vous m'aurez oui, vous verrez que le mal n'est pas si grand que vous le faites.

Harp. Le mal n'est pas si grand que je le fais! Quoi! mon sang, mes entrailles, pendard!

Val. Votre sang, monsieur, n'est pas tombé dans de mauvaises mains. Je suis d'une condition à ne lui point faire de tort, et il n'y a rien en tout ceci que je ne puisse bien 19 réparer.

Harp. C'est bien mon intention, et que tu me restitues ce que tu m'as ravi.

Val. Votre honneur, monsieur, sera pleinement satisfait.

Harp. Il n'est pas question d'honneur làdedans. Mais, dis-moi, qui t'a porté à cette action?

Val. Hélas! me le demandez-vous?
Harp. Oui, vraiment, je te le demande.
Val. Un dieu qui porte les excuses de tout
ce qu'il faut faire: l'Amour.
Harp. L'Amour?

Val. Oui.

Harp. Bel amour! bel amour, ma foi! l'amour de mes louis d'or!

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Val. Non, monsieur, ce ne sont point vos richesses qui m'ont tenté, ce n'est pas cela qui m'a ébloui; et je proteste de ne prétendre rien à tous vos biens, pourvu que vous me 210 laissiez celui que j'ai.

Harp. Non ferai, de par tous les diables; je ne te le laisserai pas. Mais voyez quelle

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Val. C'est un trésor, il est vrai, et le plus précieux que vous ayez sans doute; mais ce ne sera pas le perdre que de me le laisser. Je vous le demande à genoux, ce trésor plein de charmes; et, pour bien faire, il faut que vous me l'accordiez.

Harp. Je n'en ferai rien. Qu'est-ce à dire, cela?

Val. Nous nous sommes promis une foi mutuelle, et avons fait serment de ne nous point abandonner.

Harp. Le serment est admirable, et la promesse plaisante!

Val. Oui, nous nous sommes engagés d'être l'un l'autre à jamais.

Harp. Je vous en empêcherai bien, je vous

assure.

Val. Rien que la mort ne nous peut séparer. Harp. C'est être bien endiablẻ après mon argent.

Val. Je vous ai déjà dit, monsieur, que ce o n'était point l'intérêt qui m'avait poussé à faire ce que j'ai fait. Mon cœur n'a point agi par les ressorts que vous pensez, et un motif plus noble m'a inspiré cette résolution.

Harp. Vous verrez que c'est par charité chrétienne qu'il veut avoir mon bien. Mais j'y donnerai bon ordre; et la justice, pendard effronté, me va faire raison.

Val. Vous en userez comme vous voudrez, et me voilà prêt à souffrir toutes les violences 50 qu'il vous plaira; mais je vous prie de croire au moins que, s'il y a du mal, ce n'est que moi qu'il en faut accuser, et que votre fille, en tout ceci, n'est aucunement coupable.

Harp. Je le crois bien, vraiment; il serait fort étrange que ma fille eût trempé dans ce crime. Mais je veux ravoir mon affaire, et que tu me confesses en quel endroit tu me l'as enlevée.

Val. Moi? je ne l'ai point enlevée, et elle 60 est encore chez vous.

Harp. (À part)

O ma chère cassette!

(Haut) Elle n'est point sortie de ma maison? Val. Non, monsieur.

Harp. Hé! dis-moi un peu: tu n'y as point touché?

Val. Moi, y toucher! Ah! vous lui faites tort aussi bien qu'à moi; et c'est d'une ardeur toute pure et respectueuse que j'ai brûlé pour elle.

Harp. (À part) Brûlé pour ma cassette ! 270 Val. J'aimerais mieux mourir que de lui avoir fait paraître aucune pensée offensante; elle est trop sage et trop honnête pour cela.

Harp. (À part) Ma cassette trop honnête! Val. Tous mes désirs se sont bornés à jouir de sa vue; et rien de criminel n'a profané la passion que ses beaux yeux m'ont inspirée.

Harp. (À part) Les beaux yeux de ma 280 cassette ! Il parle d'elle comme un amant d'une maîtresse.

Val. Dame Claude, monsieur, sait la vérité de cette aventure; et elle peut vous rendre témoignage.

Harp. Quoi! ma servante est complice de l'affaire?

Val. Oui, monsieur, elle a été témoin de notre engagement; et c'est après avoir connu l'honnêteté de ma flamme qu'elle m'a aidé à 290 persuader votre fille de me donner sa foi et de recevoir la mienne.

Harp. Eh! (A part) Est-ce que la peur de la justice le fait extravaguer? (À Valère) Que nous brouilles-tu ici de ma fille!

Val. Je dis, monsieur, que j'ai eu toutes les peines du monde à faire consentir sa pudeur à ce que voulait mon amour.

Harp. La pudeur de qui?

Val. De votre fille; et c'est seulement 300 depuis hier qu'elle a pu se résoudre à nous signer mutuellement une promesse de mariage.

Harp. Ma fille t'a signé une promesse de mariage?

Val. Oui, monsieur, comme de ma part je lui en ai signé une.

Harp. O ciel! autre disgrâce!

Maître Jac. (Au Commissaire) Écrivez, monsieur, écrivez.

Harp. Rengrégement de mal! surcroît de 310 désespoir! (Au Commissaire) Allons, monsieur, faites le dû de votre charge, et dressezlui-moi son procès comme larron et comme suborneur.

Maître Jac. Comme larron et comme subor

neur.

Val. Ce sont des noms qui ne me sont point dus; et quand on saura qui je suis.

Harp. Ah! fille scélérate! fille indigne d'un père comme moi! c'est ainsi que tu pra- 320 tiques les leçons que je t'ai données! Tu te laisses prendre d'amour pour un voleur infâme, et tu lui engages ta foi sans mon consentement! Mais vous serez trompés l'un et l'autre. . . .

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LE BOURGEOIS GENTILHOMME

I.-ACT II.-Scene 1.

M. JOURDAIN, LE MAÎTRE DE MUSIQUE, LE MAÎTRE À DANSER, UN LAQUAIS, UN MAÎTRE D'ARMES, LE MAÎTRE DE PHILOSOPHIE, NICOLE, MADAME JOUR

DAIN

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Le Maître à Danser. Vous en serez content, et, entre autres choses, de certains menuets que vous y verrez.

M. Jourdain. Ah! les menuets sont ma danse; et je veux que vous me les voyez danser. Allons, mon maître.

Le Maître à Danser. Un chàpeau, monsieur, s'il vous plaît. (M. Jourdain va prendre le chapeau de son laquais et le met pardessus son bonnet de nuit. Son maître lui prend les mains et le fait danser sur un air de menuet qu'il chante) La, la, la; La, la, la, la, la, la; La, la, la, bis; La, la, la; La, la.

En cadence, s'il vous plaît. La, la, la, la. La jambe droite. La, la, la. Ne remuez point tant les épaules. La, la, la, la, la; La, la, la, la, la. Vos deux bras sont estropiés. La, la, la, la, la. Haussez la tête. Tournez la pointe du pied en dehors. La, la, la. Dressez votre corps.

M. Jourdain. Euh!

Le Maitre de Musique. Voilà qui est le

mieux du monde.

M. Jourdain. À propos. Apprenez - moi

comme il faut faire une révérence pour saluer une marquise; j'en aurai besoin tantôt. Le Maître à Danser. Une révérence pour saluer une marquise?

M. Jourdain. Oui. s'appelle Dorimène. Le Maître à Danser. M. Jourdain. Non. faire; je le retiendrai bien.

Une marquise qui

Donnez-moi la main. Vous n'avez qu'à

Le Maître à Danser. Si vous voulez la saluer avec beaucoup de respect, il faut faire d'abord une révérence en arrière, puis marcher vers elle avec trois révérences en avant, et à la dernière vous baisser jusqu'à ses genoux.

M. Jourdain. Faites un peu. (Après que le Maître à Danser à fait trois révérences) Bon. Un Laquais. (Entrant) Monsieur, voilà votre maître d'armes qui est là.

M. Jourdain. Dis-lui qu'il entre pour me donner leçon. (Au Maître de Musique et au Maître à Danser) Je veux que vous me voyiez faire.

Les

Le Maître d'Armes. (Entrant. Après avoir pris les deux fleurets de la main du laquais et en avoir présenté un à M. Jourdain) Allons, monsieur, la révérence. Votre corps droit, un peu penché sur la cuisse gauche. jambes point tant écartées. Vos pieds sur une même ligne. Votre poignet à l'opposite de votre hanche. La pointe de votre épée & vis-à-vis de votre épaule. Le bras pas tout à fait si étendu. La main gauche à la hauteur de l'œil. L'épaule gauche plus quartée. La tête droite. Le regard assure. Avancez. Le corps ferme. Touchez-mei l'épée de quarte, et achevez de même. deux. Remettez-vous. Redoublez de pied ferme. Une, deux. Un saut en arriere. Quand vous portez la botte, monsieur, il faut que l'épée parte la première et que le corps 90 soit bien effacé. Une, deux. Allons, touchez. moi l'épée de tierce, et achevez de mêmeAvancez. Le corps ferme. Avancez. Partez de là. Une, deux. Remettez-vous. Redoublez. Une, deux. Un saut en arrière. En garde, monsieur, en garde.

Une,

(Le Maître d'Armes lui pousse deux en trois bottes, en lui distant; En garde!) M. Jourdain. Euh!

Le Maître de Musique. Vous faites des merveilles.

Le Maître d'Armes. Je vous l'ai déjà dit, 100 tout le secret des armes ne consiste qu'en deux choses: à donner et à ne point recevoir; et, comme je vous fis voir l'autre jour par raison démonstrative, il est impossible que

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vous receviez, si vous savez détourner l'épée de votre ennemi de la ligne de votre corps: ce qui ne dépend seulement que d'un petit mouvement du poignet, ou en dedans ou en dehors.

M. Jourdain. De cette façon donc, un homme, sans avoir du cœur, est sûr de tuer son homme et de n'être point tué?

Le Maître d'Armes. Sans doute. . . . Et c'est en quoi l'on voit de quelle considération nous autres nous devons être dans un Etat, et combien la science des armes l'emporte hautement sur toutes les autres sciences inutiles, comme la danse, la musique, la. . . . Le Maître à Danser. Tout beau! monsieur 120 le tireur d'armes; ne parlez de la danse qu'avec respect.

Le Maître de Musique. Apprenez, je vous prie, à mieux traiter l'excellence de la musique. Le Maître d'Armes. Vous êtes de plaisantes gens, de vouloir comparer vos sciences à la mienne!

Le Maître de Musique. Voyez un peu l'homme d'importance!

Le Maître à Danser. Voilà un plaisant 130 animal avec son plastron !

Le Maître d'Armes. Mon petit maître à danser, je vous ferais danser comme il faut. Et vous, mon petit musicien, je vous ferais chanter de la belle manière.

Le Maître à Danser. Monsier le batteur de fer, je vous apprendrai votre métier.

M. Jourdain. (Au Maître à Danser) Êtesvous fou de l'aller quereller, lui qui entend la tierce et la quarte, et qui sait tuer un 140 homme par raison démonstrative ?

Le Maître à Danser. Je me moque de sa raison démonstrative et de sa tierce et de sa quarte.

M. Jourdain (Au Maître à Danser) Tout doux, vous dis-je.

Le Maître d'Armes. (Au Maître à Danser) Comment? petit impertinent!

M. Jourdain. Hé! mon maître d'armes! Le Maître à Danser. (Au Maître d'Armes) 150 Comment? grand cheval de carrosse?

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M. Jourdain. Hé! mon maître à danser! Le Maitre d'Armes. Si je me jette sur

vous.

M. Jourdain. (Au Maître d'Armes) Doucement!

Le Maître à Danser. Si je mets sur vous la main.

M. Jourdain. (Au Maître à Danser) Tout beau!

Le Maître d'Armes. Je vous étrillerai d'un air.

M. Jourdain. (Au Maître à Danser) De grâce!

Le Maître à Danser. Je vous rosserai d'une manière.

M. Jourdain. (Au Maître à Danser) Je vous prie.

Le Maître de Musique. Laissez-nous un peu lui apprendre à parler.

M. Jourdain. (Au Maître de Musique) 170 Mon Dieu! arrêtez-vous.

UN MAÎTRE DE PHILOSOPHIE entre.

M. Jourdain. Holà ! monsieur le Philosophe, vous arrivez tout à propos avec votre philo. sophie. Venez un peu mettre la paix entre ces personnes-ci.

Le Maître de Philosophie. Qu'est-ce donc? Qu'y a-t-il, messieurs?

M. Jourdain. Ils se sont mis en colère pour la préférence de leurs professions, jusqu'à se dire des injures et en vouloir venir aux 180 mains.

Le Maître de Philosophie. Eh quoi, messieurs, faut-il s'emporter de la sorte? Et n'avez-vous point lu le docte traité que Sénèque a composé de la colère? Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux que cette passion qui fait d'un homme une bête féroce? et la raison ne doit-elle pas être maîtresse de tous nos mouvements?

La Maître à Danser. Comment, monsieur! 190 Il vient nous dire des injures à tous deux en méprisant la danse, que j'exerce, et la musique, dont il fait profession!

Le Maître de Philosophie. Un homme sage est au-dessus de toutes les injures qu'on lui peut dire; et la grande réponse qu'on doit faire aux outrages, c'est la modération et la patience.

Le Maître d'Armes. Ils ont tous deux l'audace de vouloir comparer leurs professions 200 à la mienne!

Le Maître de Philosophie. Faut-il que cela vous émeuve? Ce n'est pas de vaine gloire et de condition que les hommes doivent disputer entre eux; et ce qui nous distingue parfaitement les uns des autres, c'est la sagesse et la

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Le Maître de Musique. Allez, bélître de 230 pédant! Le Maître à Danser. Allez, cuistre fieffé! Le Maître de Philosophie. Comment! marauds que vous êtes! .

240

250

(Le Philosophe se jette sur eux, et tous trois le chargent de coups.) M. Jourdain. Monsieur le Philosophe! Le Maître de Philosophie. Infâmes! coquins!

insolents!

M. Jourdain. Monsieur le Philosophe! Le Maître d'Armes. La peste soit de l'animal!

M. Jourdain. Messieurs!

Le Maître de Philosophie. Impudents!
M. Jourdain. Monsieur le Philosophe!

Le Maître à Danser. Diantre soit de l'âne bâté!

M. Jourdain. Messieurs!

Le Maître de Philosophie. Scélérats!
M. Jourdain. Monsieur le Philosophe!
Le Maître de Musique. Au diable l'imperti-

nent!

M. Jourdain. Messieurs!

Le Maître de Philosophie. Fripons! gueux! traîtres! imposteurs!

M. Jourdain. Monsieur le Philosophe! Messieurs! Monsieur le Philosophe! Messieurs! Monsieur le Philosophe! (Ils sortent en se battant.) Oh! battez-vous tant qu'il vous plaira, je ny saurais que faire, et je n'irai pas gâter ma robe pour vous séparer. Je serais bien fou de m'aller fourrer parmi eux, pour 260 recevoir quelque coup qui me ferait mal.*

Le Maître de Philosophie. (Qui rentre, en raccommodant son collet) Venons à notre leçon. M. Jourdain. Ah! monsieur, je suis fáché des coups qu'ils vous ont donnés.

Le Maître de Philosophie. Cela n'est rien. Un philosophe sait recevoir comme il faut les choses, et je vais composer contre eux une satire du style de Juvénal, qui les déchirera de la belle façon. Laissons cela. Que 270 voulez-vous apprendre?

280

M. Jourdain. Tout ce que je pourrai, car j'ai toutes les envies du monde d'être savant; et j'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas fait bien étudier dans toutes les sciences quand j'étais jeune.

Le Maître de Philosophie. Ce sentiment est raisonnable; nam, sine doctrina, vita est quasi mortis imago. Vous entendez cela, et vous savez le latin, sans doute?

M. Jourdain. Oui, mais faites comme si je ne le savais pas; expliquez-moi ce que cela veut dire.

Le Maître de Philosophie. Cela veut dire que sans la science la vie est presque une image de la mort.

M. Jourdain. Ce latin-là a raison.

*This scene (down to 'je n'y manquerai pas,' l. 514) may be taken alone, as a dialogue. Or Scene 1 may begin here if the whole is too long.

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M. Jourdain. Oh! oui. Je sais lire et écrire.

Le Maître de Philosophie. Par où vous plaît-il que nous commencions? Voulez-vous que je vous apprenne la logique?

M. Jourdain. Qu'est-ce que c'est que cette logique?

Le Maître de Philosophie. C'est elle qui enseigne les trois opérations de l'esprit.

M. Jourdain. Qui sont-elles, ces trois opérations de l'esprit ?

Le Maître de Philosophie. La première, la seconde et la troisième. La première est de bien concevoir, par le moyen des universaux; la seconde, de bien juger, par le moyen des catégories; et la troisième, de bien tirer une conséquence, par le moyen des figures, Barbara, Celarent, Darii, Ferio, Baralipton,

etc.

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Le Maître de Philosophie. Est-ce la physique que vous voulez apprendre?

M. Jourdain. Qu'est-ce qu'elle chante, cette physique?

Le Maître de Philosophie. La physique est celle qui explique les principes des choses naturelles et les propriétés des corps, qui discourt de la nature des éléments, des métaux, des minéraux, des pierres, des plantes et des animaux, et nous enseigne les causes de tous les météores, l'arc-en-ciel, les feux volants, les comètes, les éclairs, le tonnerre, la foudre, la pluie, la neige, la grêle, les vents et les tourbillons.

M. Jourdain. Il y a trop de tintamarre là-dedans, trop de brouillamini.

Le Maître de Philosophie. Que voulez-vous donc que je vous apprenne?

M. Jourdain. Apprenez-moi l'orthographe. Le Maître de Philosophie. Très volontiers. M. Jourdain. Après, vous m'apprendrez l'almanach pour savoir quand il y a de la lune, et quand il n'y en a point.

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