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amufement and inftruction, perufed at my leifure hours, without any reference to a regular plan of study. Of these, perhaps, I read too many, fince I went through the Life of Erafmus, by Le Clerc and Burigny, many extracts from Le Clerc's Bibliothèques, The Ciceronianus, and Colloquies of Erafmus, Barclay's Argenis, Terafon's Sethos, Voltaire's Siècle de Louis XIV. Madame de Motteville's Memoirs, and Fontenelle's Works. 4. Compofitions of my own. I find hardly any, except this Journal, and the Extract of Hurd's Horace, which (like a chapter of Montaigne) contains many things very different from its title. To the fe four heads I must this year add a fifth. 5. Thofe treatifes of English hiftory which I read in January, with a view to my now abortive fcheme of the Life of Sir Walter Raleigh. I ought indeed to have known my own mind better before I undertook them. Upon the whole, after making proper allowances, I am not diffatisfied with the year.

The three weeks which I paffed at Beriton, at the end of this and the beginning of the enfuing year, are almost a blank. I feldom went out; and as the scheme of my travelling was at laft entirely fettled, the hurry of impatience, the cares of preparations, and the tenderness of friends I was going to quit, allowed me hardly any moments for study.

37 JOURNAL, January 11th, 1763.]—I called upon Dr. Maty in the morning. He told me that the Duke de Nivernois defired to be acquainted with me. It was indeed with that view that I had written to Maty from Beriton to prefent, in my name, a copy of my book to him. Thence I went to Becket, paid him his bill, (fifty four pounds,) and gave him back his translation. It must be printed, though very indifferent. My comfort is, that my misfortune is not an uncommon one. We dined and fupped at the Mallets.

12th. I went with Maty to vifit the Duke in Albemarle Street. He is a little emaciated figure, but appears to poffefs a good understanding, taste and knowledge. He offered me very politely letters for Paris. We dined at our lodgings. I went to Covent Garden to fee Woodward in Bobadil, and fupped with the Mallets at George Scott's.

JOURNAL, Jan. 19th, 1763.]—I waited upon Lady Hervey and the Duke de Nivernois, and received my credentials. Lady Hervey's are for M. le Comte de Caylus, and Madame Geoffrin. The Duke received me civilly, but (perhaps through Maty's fault) treated me more as a man of letters, than as a man of fashion. His letters are entirely in that ftyle; for the Count de Caylus and M. M. de la Bleterie, de Ste Palaye, Caperonier, du Clos, de Foncemagne, and d'Alembert. I then undreffed for the play. My father and I went to the Rofe, in the paffage of the play-house, where we found Mallet, with about thirty friends. We dined together, and went thence into the pit, where we took our places in a body, ready to filence all oppofition However, we had no occafion to exert ourselves. Notwithstanding the malice of party, Mallet's nation, connexions, and, indeed, imprudence, we heard nothing but applaufe. I think it was deferved. The plan was borrowed from de la Motte, but the details and language have great merit. A fine vein of dramatic poetry runs through the piece. The scenes between

the father and fon awaken almost every fenfation of the human breast; and the counfel would have equally moved, but for the inconvenience unavoidable upon all theatres, that of intrufting fine speeches to indifferent actors. The perplexity of the catastrophe is much, and I believe justly, criticised But another defect made a stronger impreffion upon me. When a poet ventures upon the dreadful fituation of a father who condemns his fon to death, there is no medium, the father muft either be a monster or a hero His obligations of justice, of the public good, must be as binding, as apparent, as perhaps thofe of the firft Brutus. The cruel neceffity confecrates his actions, and leaves no room for repentance. The thought Is shocking, if not carried into action. In the execution of Brutus's fons I am fenfible of that fatal neceffity. Without fuch an example, the unfettled liberty of Rome would have perished the inftant after its birth. But Alonzo might have pardoned his fon for a'rash attempt, the cause of which was a private injury, and whofe confequences could never have disturbed an established government. He might have pardoned fuch a crime in any other fubject; and as the laws could exact only an equal rigor for a fon, a vain appetite for glory, and a mad affectation of heroifm, could alone have influenced him to exert an unequal and fuperior feverity.

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38 JOURNAL, 21 Février 1763 ] Aujourd'hui j'ai commencé ma tournée, pour voir les endroits dignes d'attention dans la ville. D'Augny m'a accompagné. Nous fommes allés d'abord à la bibliothéque de l'Abbaye de St. Germain des Prez, où tout le monde étoit occupé à l'arrangement d'un cabinet de curiofités, et à l'hôpital des Invalides, où le dôme étoit fermé à caufe des réparations qu'on y faifoit. Il faut donc différer la vifite et la defcription de ces deux endroits. De là nous fommes allés voir l'école militaire. Comme ce bâtiment s'éleve à côté des Invalides, bien des gens y verroient un moyen affez facile d'apprécier les ames différentes de leurs fondateurs. Dans l'un tout eft grand et faftueux, dans l'autre tout eft petit et mesquin. De petits corps de logis blancs et affez propres, qui, au lieu de 500 gentilshommes, dont on a parlé, en contiennent 258, compofent tout l'établiffement; car le manége et les écuries ne font rien. Il eft vrai qu'on dit que ces bâtimens ne font qu'un échafaudage, qu'on doit ôter, pour élever le véritable ouvrage fur ces débris. Il faut bien en effet qu'on n'ait pas bâti pour l'éternité, puisque dans vingt ans la plupart des poutres fe font pourries. Nous jettâmes enfuite un coup d'œil fur l'églife de St. Sulpice, dont la façade (le prétexte et le fruit de tant de lotteries) n'eft point encore achevée.

39 JOURNAL, Février 23, 1763. ] — Je fis une vifite à l'Abbé de la Bléterie, qui veut me mener chez la Ducheffe d'Aiguillon; je me fis écrire chez M. de Bougainville que j'ai grande envie de connoître, et me rendis enfuite chez le Baron d'Olbach, ami de M, Helvetius. C'étoit ma première vifire, et le premier pas dans une fort bonne maison. Le Baron a de l'efprit et des connoiffances, et furtout il donne fouvent et fort bien à dîner. Février 24.]—L'Abbé Barthélémy eft fort aimable et n'a de l'antiquaire

qu'une très grande érudition. Je finis la foirée par un fouper très agréable chez Madame Bontemps avec M. le Marquis de Mirabeau. Cet homme eft fingulier; il a affez d'imagination pour dix autres, et pas affez de fens raffis pour lui feul. Je lui ai fait beaucoup de queftions fur les titres de la nobleffe Françoife; mais tout ce que j'en ai pu comprendre, c'est que perfonne n'a là deffus des idées bien nettes.

Mai 1763 ] —— Muni d'une double lettre de recommandation pour M. le Comte de Caylus, je m'étois imaginé que je trouverois reunis en lui l'homme de lettres et l'homme de qualité. Je le vis trois ou quatre fois, et je vis un homme simple, uni, bon, et qui me témoignoit une bonté extrème. Si je n'en ai point profité, je l'attribue moins à fon caractère qu'à fon genre de vie. Il fe leve de grand matin, court les atteliers des artistes pendant tout le jour, et rentre chez lui à fix heurs du foir pour fe mettre en robe de chambre, et s'enfermer dans fon cabinet. Le moyen de voir fes amis?

Si ces recommendations étoient ftériles, il y en eut d'autres qui devinrent aufli fécondes par leurs fuites, qu'elles étoient agréables en elles mêmes. Dans une capitale comme Paris, il eft néceffaire, il eft jufte que des lettres de recommendation vous ayent diftingué de la foule. Mais dèfque la glace eft rompue, vos connoiffances fe multiplient, et vos nouveaux amis fe font un plaifir de vous en procurer d'autres plus nouveaux encore. Heureux effet de ce caractère léger et aimable du François, qui a établi dans Paris une douceur et une liberté dans la fociété, inconnues à l'antiquité, et encore ignorées des autres nations. A Londres il faut faire fon chemin dans les maifons qui ne s'ouvrent qu'avec peine. Là on croit vous faire plaisir en vous recevant. Ici on croit s'en faire à soi-même. Auffije connois plus de maifons à Paris qu'à Londres: le fait n'eft pas vraisem. blable, mais il eft vrai.

4° JOURNAL, September 16, 1763.] - — ***** et **** nous ont quitté. Le premier eft une méchante bête, groffier, ignorant, et fans ufage du monde. Sa violence lui a fait vingt mauvaises affaires ici. On vouloit cependant lui faire entreprendre le voyage d'Italie, mais **** refusant de l'y accompagner, on a pris le parti de le rappeler en Angleterre en le faifant paffer par Paris. **** eft philofophe, et fort inftruit, mais froid êt nullement homme d'efprit. Il eft las de courir le monde avec des jeunes foux. Après avoir rendu celui-ci à fa famille, il compte venir chercher le repos et la retraite dans ce pays. Qu'il a raison!

September 21me. ] — J'ai effuyé une petite mortification au cercle. Le départ de Frey ayant fait vacquer l'emploi de directeur des étrangers, on m'avoit fait entrevoir qu'on me le deftinoit, et ma franchise naturelle ne m'avoit pas permis de diffimuler que je le recevrois avec plaifir, et que je m'y attendois. Cependant la pluralité des voix l'a donné à M. Roel Hollandois. J'ai vu qu'on a faifi le premier moment que les loix permet. toient de balloter, et que, fi j'avois voulu raffembler mes amis, je l'auroiś emporté; mais je fais en même temps que je l'aurois eu il y a trois mois,

fans y fonger un moment. Ma reputation baiffe ici avec quelque raifon, et j'ai des ennemis.

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Septembre 25 me.] J'ai paffé l'après diner chez Madame de *****, Je ne l'avois pas vue dépuis le 14 de ce mois. Elle ne m'a point parlé, ni n'a paru s'être apperçue de mon abfence. Ce filence m'a fait de la peine. J'avois une très belle réputation ici pour les mœurs, mais je vois qu'on commence à me confondre avec mes compatriotes et à me regarder comme un homme qui aime le vin et le défordre.

Octobre 15 me.] J'ai paffé l'après midi chez Madame de Mefery. Elle vouloit me faire rencontrer avec une Demoiselle Françoife qu'elle a prié à fouper; cette Demoifelle, qui s'apelle Le Franc, a fix pieds de haut. Sa taille, fa figure, fon ton, fa converfation, tout annonce le grenadier le plus déterminé, mais un grenadier, qui a de l'efprit, des connoiffances, et l'ufage du monde. Auffi fon fexe, fon nom, fon état, tout eit mystère. Elle fe dit Parifienne, fille de condition, qui s'eft retirée dans ce pays pour caufe de religion. Ne feroit ce pas plutot pour une affaire d'honneur?

Laufanne, December 16me, 1763.]- - Je me fuis levé tard, et une vifite fort amicale de M. de Chandieu Villars †, m'a enlevé ce qui me reftoit de la matinée. M. de Chandieu a fervi en France avec diftinction, et s'eft retiré avec le grade de maréchal de camp. C'eft une homm d'une grande Politeffe, d'un efprit vif et facile; il feroit aujourd'hui à foixante ans, l'agrément d'une fociété de jeunes filles. C'eft prefque le feul étranger qui ait pu acquérir l'aifance des manières Françoises, fans en prendre en même temps les airs bruyans et étourdis.

Laufanne, Décembre 18me, 1763.] C'étoit un Dimanche de Communion. Les cérémonies religieufes font bien étendues dans ce pays. Elles font rares, et par là même plus refpectées; les Vieillards fe plaignent à la vérité du refroidiffement de la devotion; cependant un jour, comme celui-ci, offre encore un fpectacle très édifiant. Point d'affaires, point d'affemblée; on s'interdit jufqu'au whift fi néceffaire a l'existence d'un Laufannois.

Décembre 31me.]-Jetons un coup d'œil fur cette année 1763. Voyons comment j'ai employé cette portion de mon existence qui s'eft écoulée et qui ne reviendra plus. Le mois de Janvier s'eft paffé dans le fein de ma famille à qui il falloit facrifier tous mes momens, parcequ'ils étoient les derniers dans les foins d'un départ et dans l'embarras d'un voyage. Dans ce voyage cependant je trouvai moyen de lire les lettres de Busbequius, Miniftre Impérial à la Porte. Elles font auffi intéreffantes qu'inftructives. Je reftai à Paris dépuis le 28 JANVIER jufqu'au 9 MAI. Pendant tout ce temps je n'étudiai point. Les amufements m'occupoient beaucoup, et l'habitude de la diffipation, qu'on prend fi facilement dans les grandes

The father of Madame de Severy, whofe family were Mr. Gibbon's most intimate friends, after he had fettled at Laufanne in the year 1783.

S.

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villes; ne me permettoient pas de mettre à profit le temps qui me demeuroit. A la vérité, fi j'ai peu feuilleté les livres, l'obfervation de tous les objets curieux qui le préfentent dans une grande capitale, et la conversation avec les plus grands hommes du fiècle, m'ont inftruit de beaucoup de chofes que je n'aurois point trouvé dans les livres. Les fept ou huit derniers mois de cette année on été plus tranquilles. Dès que je me fuis vu établi à Laufanne, j'ai entrepris une étude fuivie fur la géographie ancienne de l'Italie. Mon ardeur s'eft très bien foutenue pendant fix femaines jufqu'à la fin du mois de Juin. Ce fut alors qu'un voyage de Geneve interrompit un peu mon affiduité, que le féjour de Mefery m'offrit mille diftractions, et que la fociété de Sauffure acheva de me faire perdre mon temps. Je repris mon travail avec ce Journal au milieu d'Août, et dépuis ce temps, jusqu'au commencement de Novembre, j'ai mis a profit tous mes inftans; j'avoue que pendant les deux derniers mois mon ardeur s'eft un peu rallentie. Irement, Dans cette étude fuivie j'ai lu 1. Près de deux livres de la Géographie de Strabon sur l'Italie deux fois 2. Une partie du deuxième livre de l'hiftoire naturelle de Pline.3. Le quatrième chapitre du deuxième livre de Pomponius Miela. 4. Les Itinéraires d'Antonin, et de Jerufalem pour ce qui regarde l'Italie. Je les ai lus avec les Commentaires de Weffeling, &c.J'en ai tiré des tables de toutes les grandes routes de l'Italie, réduifant partout les milles Romains, en milles Anglois, et en lieues de France, felon les calculs de M. d'Anville. 5. L'Hiftoire des Grands Chemins de l'Empire Romain, par M. Bergier, deux volumes in 4°. 6. Quelques Extraits choifis de Ciceron, Tite Live, Velleius Paterculus, Tacite, et les deux Plines. La Roma Vetus de Nardini et plufieurs autres opufcules fur le même fujet qui compofent prefque tout le quatrième tome du Tréfor des Antiquités Romaines de Grævius. 7. L'Italia Antiqua de Cluvier, en deux volumes in folio. S. L'lter ou le Voyage de Cl. Rutilius Numatianus dans Jes Gaules. 9. Les Catalogues de Virgile. Io. Celui de Silius Italicus. 11. Le Voyage d'Horace à Brundufium. N. B. J'ai lu deux fois ces trois derniers morceaux. 12. Le Traité fur les Mefures Itinéraires par M. d'Anville, et quelques Mémoires de l'Académie des Belles Lettres. Ilment, On me fit attendre Nardini de la Bibliothéque de Geneve. Je voulus remplir ce moment de vide par la lecture de Juvenal, poëte que je ne connoiffois encore que de réputation. Je l'ai lu deux fois avec plaifir et avec foin. IIIment, Pendant l'année j'ai lu quelques journaux, entre, autres le Journal Etranger dépuis fon commencement, un tome des Nouvelles de Bayle, et les xxxv premiers volumes de la Bibliothéque raifonnée. IVment, J'ai beaucoup écrit de mon Recueil Géographique de l'Italie qui eft déjà bien ample et affez curieux. Vment, Je ne dois point oublier ce journal même qui eft devenu un ouvrage; 214 pages en quatre mois et demi et des pages des mieux fournies font un objet confidérable. Auffi fans compter un grand nombre d'obfervations détachées. il s'y trouve des differtations favantes et raifonnées. Celle du paffage d'Annibal contient dix pages, et celle fur la guerre fociale en a douze. Mais ces morceaux font trop étendus, et le journal même a befoin d'une reforme

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