PARALLÈLE DE LA BIENFAISANCE ET DE LA RECONNOISSANCE, ÉPITRE Présentée par la sœur de madame DELILLE, à madame la comtesse POTOCKA, dont elle avoit reçu une paire de bracelets. Deux déités, qui de leur main féconde Versent la paix et le bonheur au monde, Servant dans ses desseins le Dieu de l'univers, Joignent d'un double noeud tous les êtres divers. C'est toi, divine Bienfaisance! C'est toi, sa digne sœur, tendre Reconnoissance! De services rendus, de bienfaits acquittés, Tout se tient dans le monde entier. Et la rose à son tour embaume le rosier. Répand ses dons consolateurs ; Ainsi le doux encens de la Reconnoissance Le cœur se plaît à comparer entre elles Ces deux sœurs, qui devroient, compagnes éternelles, Pour consoler le genre humain, Marcher toujours ensemble en se donnant la main, Et qui souvent, hélas ! l'une à l'autre infidéle, Brisent leur chaîne mutuelle, Et se séparent en chemin. Toutes deux ont leur caractère, Et leur penchant, et leur pouvoir; L'une aspire à donner, et l'autre aime à devoir; La Reconnoissance remonte, Et la Bienfaisance descend: L'une appartient à la foiblesse, L'autre, à sa sœur, pour récompense, Des grands et des petits, et du peuple et du roi ; L'une c'est vous, Mais quelques traits encor manquent au parallèle : De toutes deux la grace naturelle Sait nous plaire et nous attacher; Mais l'une aime à paroître, et l'autre à se cacher. Créancière sans défiance, Au lieu d'arracher à nos cœurs De son noble abandon l'oublieuse indulgence De leur tyrannie obligeante Les officieuses hauteurs, Et de leur mémoire exigeante Les souvenirs persécuteurs. Mais si l'oubli sied à la Bienfaisance, Par elle, notre cœur s'acquitte à peu de frais. Qui depuis long-temps est le nôtre. A tous les cœurs bien nés l'un et l'autre est commun: Votre ame vient d'éprouver l'un, La mienne jouira de l'autre. Ainsi des noeuds bien chers se forment entre nous. L'un marque une ame noble, et l'autre une ame tendre. Ma juste sensibilité ! Vous chérir, c'est aimer ensemble L'esprit, la grace, et la bonté. min ÉNIGME TRADUITE DE L'ANGLAIS. Dans maint écrit, dans maint tableau, A l'envi l'on me défigure. Depuis que je suis né, vainement je murmure L'un me peint l'air flétri, courbé, ridé par l'âge; Par la malignité de cette humaine engeance, Aucun ne fut maltraité comme moi. Je pourrois l'en punir; mais, pour toute vengeance, En bien, en mal, dessiner mon portrait. Celui qui sert, celui qui règne, Également sont soumis à ma loi; Mais tout mortel est fatigué de moi; Passé, chacun me pleure, et présent, me dédaigne. Le souvenir, la curiosité, Tout s'intéresse à ma famille entière: L'un, rejetant ses regards en arrière, |